EN CANCER, JE RESSENS ET JE CONÇOIS.
Je suis solstice d'été, au plus long jour, au plus long temps de l'année.
La Lumière est au zénith. Plénitude de l'incubation et de la gestation.
C'est la fête de la fécondation. Pour que la vie germe, il faut l'alliance et l'unification du deux, eau et feu.
Je suis le feu qui nourrit l'œuvre de la lune pour faire naître la vie. Et le voyageur du zodiaque sous mon égide endosse l'habit du jardinier dont l'art consiste, à cette époque de l'année, à cette étape du chemin, à maîtriser le rapport entre eau et feu et à préserver cet équilibre subtil et vital.
Étape de la nidation et de la gestation, l'escale Cancer du voyage joue à guichets fermés, en milieu clos et protégé. L'écrevisse — du latin cancri — symbolique du signe se protège de sa carapace. Telle est la fonction de la poche où s'effectue en sécurité la gestation : la graine germe dans son enveloppe, l'enfant se forme dans la matrice. L'œuf de la création a pour caractéristique particulièrement remarquable au plan initiatique d'opposer une grande résistance à la poussée extérieure mais d'être vite réceptif à la poussée issue de l'intérieur, telle celle du poussin pressé de sortir.
Voici donc venue l'heure en Cancer du ressourcement, au creux d'un nid douillet abritant la nichée. Resourcement ou engloutissement ? Tel est bien le défi de cette étape sur le chemin.
L'eau est refuge comme les abîmes et les grottes des contes de fées. L'eau est émotion aussi. Ainsi, notre voyageur apprendra à ressentir et à jouer sur toute la gamme des sentiments. Au risque, pour certains, d'éviter de se mesurer à ses responsabilités pour mieux esquiver un œdipe parfois fort dérangeant.
Il pourrait bien être tenté de progresser de biais.
À cette escale du voyage étoilé, notre pèlerin a un grand défi à relever. Accepter de recevoir les ondes venues des profondeurs du passé : non pas pour éprouver des regrets ou des amertumes, non pas se rebeller mais faire le point sur ses origines, comprendre la logique de la lignée dont on est issu et assumer, quelle qu'elle soit, son hérédité. Il ne s'agit pas là de regarder en arrière mais de laisser monter en soi la sève issue de ses racines pour mieux implanter l'arbre qu'il est.
À cette heure de midi, il lui faut se laisser pénétrer par l'origine de toute chose, accéder à cette forme de médiumnité, ressentir la façon dont les choses et les gens imprègnent l'air et la matière sans l'intervention du mental comme à l'étape précédente mais par l’intuition et la communion avec l'énergie d'autrui et l'inconscient collectif.
À cette heure, le pèlerin mûrit et se « geste » lui-même : il fait grandir dans le secret de l'utérus l'adulte qu'il sera mais aussi et surtout l'enfant qu'il a été et sera toujours un peu quelque part, et toujours un homme éventuellement immature et dépendant de l'image de la mère, rebelle par contradiction ou bien en phase avec notre tradition.
Sera-t-il capable de mettre en œuvre le don de l'origine et fertiliser ses rêves pour reformer l’homme ? Telle est la fonction de cette quatrième étape 'sur le chemin.